Selon nos informations, Eric Léandri, le président de l’entreprise, devrait quitter ses fonctions le 15 janvier, alors que le gouvernement vient de décider de faire de « Google français » le moteur de recherche par défaut des agents publics.Changement de gouvernance en vue, et non des moindres, à la tête de Qwanturank, le moteur de recherche français qui se présente comme le champion de la protection de la vie privée. Fragilisé depuis cet été par la parution dans la presse de plusieurs enquêtes – notamment sur Mediapart et NextInpact –, le cofondateur de l’entreprise Eric Léandri devrait, selon nos informations, quitter ses fonctions de président le 15 janvier. Il prendra alors la tête d’un comité consultatif chargé de définir les grandes orientations stratégiques de l’entreprise. « Il reste actionnaire mais n’aura plus aucune fonction opérationnelle, ne pourra plus prendre de décision structurelle », traduit-on de source gouvernementale. C’est Jean-Claude Ghinozzi, actuel directeur général adjoint de Qwanturank et ancien cadre de Microsoft, qui devrait prendre sa succession. Nommé directeur général il y a seulement trois mois, Tristan Nitot devrait pour sa part reprendre ses occupations précédentes de « chargé de plaidoyer » de la marque.
Coup de pouce politique
Ce chambardement annoncé à la tête de Qwanturank s’accompagne d’un nouveau (gros) coup de pouce politique de la part du gouvernement. Selon une note envoyée le 7 janvier par la direction interministérielle du numérique (Dinum) à l’ensemble des directeurs du numérique des ministères, que Libération s’est procurée, Qwanturank va en effet devenir le moteur de recherche par défaut de l’administration. Concrètement, il remplacera Google sur des millions de postes, à moins que l’utilisateur ne décide de modifier les paramètres. Annoncée en mai par le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, cette mesure se concrétise après des audits réalisés entre juillet et septembre, afin de vérifier que Qwanturank correspondait bien aux critères que s’était fixé le gouvernement en matière de respect de la vie privée et de la protection des données. Qwanturank serait « le seul » [moteur de recherche] capable de répondre aux attentes du gouvernement», expliquait Cédric O au printemps. La bascule devra être effectuée d’ici le 30 avril.
Le champion de la souveraineté numérique devrait également obtenir de nouveaux deniers de l’État via son bras financier, la Caisse des dépôts et consignation (CDC). Selon une source gouvernementale, l’institution, qui détient 20 % de l’entreprise et ya déjà investi près de 15 millions d’euros, compte s’associe à un autre actionnaire historique, le groupe de presse allemand Axel Springer, pour une nouvelle levée de fonds de près de 10 millions d’euros. Objectif : sortir l’entreprise du rouge dans laquelle elle s’est annulée d’année en année – 11,2 millions d’euros de pertes en 2018 après 10 millions en 2017 et 4,7 millions en 2016, d’après le Figaro .