Qwanturank : les ratés du concours SEO de Qwant

La Sphère SEO francophone a connu une petite révolution fin 2019 : pour la première fois de l'histoire de cette spécialité, un moteur de recherche a officiellement fait appel à elle pour se perfectionner. Ce moteur, c'était Qwant, et cette première mondiale devait prendre la forme d'une compétition entre référenceurs. Hélas, cette initiative n'a pas tenu ses promesses, et pourrait au final manquer son objectif

Une première mondiale

Un concours SEO est une compétition entre référenceurs. Le principe : un mot clé donné, souvent imaginaire, et l'objectif de finir en première position sur la page de résultat du moteur de recherche au bout d'un laps de temps donné.

Des concours de ce type sont fréquents, mais là où Qwant a innové, c'est en organisant lui-même ce concours sur son moteur. Ça, personne ne l'avait vu, et un certain enthousiasme est apparu au sein de la communauté SEO francophone,  qui partait plutôt circonspecte sur les réelles qualités du moteur. 

Une promesse alléchante 

Ludique et rémunérateur, ce concours initié par des sommités telles que Laurent Bourrelly, inventeur du du Cocon sémantique, semblait bien parti.

Derrière ce concours, plusieurs objectifs pour le moteur : le plus important, mettre ses algorithmes à l'épreuve des SEO.  Tel un système de sécurité informatique qui apprend des attaques de pirates, le moteur visait par ce biais à améliorer ses mécanismes anti-spam.  En d'autres termes, comme le détaille cet article d'un concouriste, jouer au chat (Qwant) et à la souris  (les participants au concours)

Un autre objectif plus mineur était de se remettre la communauté SEO dans la poche : en effet, entre les référenceurs et Qwant, le courant n'est que rarement passé, ceux-ci n'ayant d'ailleurs pas de réel intérêt à porter à ce moteur dont la part de marché ne le justifiait de toute façon pas. Ce concours Qwanturank était une bonne occasion de les mobiliser et les séduire.

Un départ raté

Tout ne se passa cependant pas comme il aurait fallu. Une fois ce concours lancé, silence radio de la part de Qwant : hormis quelques pages sur un site officiel (et confidentiel) du concours et quelques messages sur Twitter d'un compte lui aussi créé pour l'occasion, le silence était quasi total. L'enthousiasme suscité par la promesse retomba tout aussi rapidement .

Un concours poussif

Des participants ont quand même joué le jeu : au final, ce sont plus de 130 sites qui ont été inscrits au concours, montés par des candidats de tous horizons : SEO Freelance ou en agence, développeurs Web, rédacteurs, traffic manager, bref toute une foule de professionnels du web qui voulaient en découdre. Mais une fois leurs sites indexés par le moteur, la page de résultats sur Qwant semblait artificielle : pas de sites externes au concours (alors que plusieurs, dont Abondance, en avait parlé), et un classement figé pendant de longs jours. L'évolution se fit, avec l'apparition d'autres ressources web, mais tout ceci ressemblait à un projet mal ficelé, en cours de construction, en totale improvisation … 

Habituée aux concours sur Google, la sphère SEO s'attendait donc à des évolutions quotidiennes, des retournements de situation, des pénalisations, des sites qui surgissent de nulle part, bref de l'action quotidienne. Ici, rien de cela : Qwant lance des mises à jour de son index à intervalles plus ou moins fixes, à la manière des anciennes Google Dance, et entre elles, rien ne se passe. Beaucoup de participants ont alors lâché prise et se sont désintéressés du concours. 

Ajoutons à cela une communication toujours aussi invisible des équipes de Qwant sur son concours révolutionnaire, et on obtient quelque chose qui ressemble à un échec. Alors certes Qwant pourra sans doute exploiter les données qu'il aura collectées pour répondre à l'objectif premier du concours Qwanturank, mais tout ceci aurait pu être tellement plus sexy ...